J'adore les films dont l'action se déroule en une seule journée. Ici on commence un matin en ouvrant les volets et toute l'histoire se tisse jusqu'à ce qu'on se retrouve à la même fenêtre au soir tombant. Film frissonnant, fait de petites choses de la vie, et qui, sans jamais rien expliquer, en dit cent fois plus sur les personnages que des pages entières de dialogues. La caméra les accompagne, saisit leurs expressions, leurs mouvements, les visages, leurs yeux, et tout se comprend comme si le spectateur réécrivait lui-même à sa façon l'histoire de ces vies. Une histoire d'amour et de peinture, de solitudes et de rencontres, de pensées profondes et insondables. On est bouleversé par Sabine Azéma, toute en émotions, et par Louis Ducreux, témoin presque silencieux de tout ce qui se passe sous ses yeux. La scène du bal, les plans au bord de la rivière, les échappées champêtres font penser à Renoir, autant le peintre que le cinéaste, et le final dans le soir qui tombe sur une toile vierge devant laquelle Monsieur Ladmiral imagine ce qu'il va peindre, laisse une porte ouverte sur notre imaginaire. La musique de Gabriel Fauré accompagne l'âme du film dont on a l'impression qu'il a été tourné vers 1900, la lumière, les couleurs et les sons remontant jusqu'à nous. Un dimanche à la campagne est un voyage dans le temps où les parfums et les souvenirs d'autrefois pourtant à jamais disparus continuent de flotter dans l'air.
lundi 5 avril 2021
Hommage à Bertrand Tavernier : Un dimanche à la campagne (1984)
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