mercredi 31 juillet 2019

Lors du tournage du long-métrage documentaire Correspondances, Jean-Pierre Mocky, que nous avions interrogé sur des sujets de société, avait consacré une partie de son entretien aux nouvelles technologies qui permettent aujourd’hui de réaliser plus facilement des films. De cette séquence trop spécialisée pour pouvoir entrer dans le cadre du projet, j’ai tout de suite pensé faire un court-métrage à part entière comme ce fut le cas pour Catherine Zay parlant de son père dans En souvenir de Jean ZayCinéMocky, accompagné d’extraits de films du réalisateur, a la particularité d’établir une sorte de bilan sur les différences technologiques du cinéma au cours du temps. Le point de vue de ce cinéaste resté dynamique et à l’écoute du monde contemporain est à l’image d’un homme resté très proche de l’esprit « Nouvelle Vague » et qui n’a jamais cessé de tourner dans tous les formats. Ce complément figurera également sur les bonus du DVD du film Correspondances.



CinéMocky (2019)
Couleur, Noir & Blanc - 9 minutes
Avec la participation de Jean-Pierre Mocky
Sujet, production et réalisation : Bruno François-Boucher & Ségolène Point
Images : Etienne Baduel
Son : Matthis Goldfain
Montage : Francis Elbaz
Mixage et étalonnage : Tiburce
© 2019 Bon Voyage Films Productions

dimanche 28 juillet 2019

Intégrale Yannick Bellon

Si les années 70 mirent en lumière le travail de la cinéaste Yannick Bellon, force est de constater que ses films ont été quasiment oubliés pour ne pas dire invisibles pendant longtemps. En revisitant les 9 courts-métrages et 9 longs-métrages qu'elle tourna de 1946 à nos jours, restaurés à l'initiative de Doriane Films dans le coffret DVD L'integrale Yannick Bellon, on a du mal à comprendre pourquoi la réalisatrice, disparue en juin dernier, n'a pas été considérée à la place qu'elle mérite, d'égal à égal avec ses consoeurs et autres pionnières du cinéma français parlant: Agnès Varda, Jacqueline Audry, Nelly Kaplan, Marguerite Duras, Nadine Trintignant, Nina Companeez, Coline Serreau, Diane Kurys, pour ne citer qu'elles. Il suffit de revoir les admirables Quelque part, quelqu'un, La femme de Jean, L'amour violé et ce chef-d'oeuvre bouleversant qu'est Jamais plus toujours pour se rendre compte de son importance dans notre cinéma. Ce que Yannick Bellon révèle dans ses films sur la condition des femmes dans une époque qui voyait à peine éclore leurs droits, est un témoignage aussi courageux qu'indispensable sur leur conditionnement, leurs difficultés, leurs engagements et leurs souffrances très largement méconnues et mises longtemps sous silence. Nous devons remercier Yannick Bellon pour son audace, sa détermination et son grand talent, à l'opposé de tant de réalisateurs exagérément encensés et surestimés. Les films de Yannick Bellon sont à revoir absolument.



L'intégrale Yannick Bellon éditée par Doriane Films :


vendredi 5 juillet 2019

Pierre Lhomme, l'un des plus importants directeurs de la photographie du cinéma, est décédé à l'âge de 89 ans. Son travail couvre plus de 50 ans d'Histoire avec des cinéastes aussi prestigieux que Philippe de Broca, Chris Marker, Jean-Pierre Melville, Marguerite Duras, Jean-Paul Rappeneau, Jean Eustache, Robert Bresson, Claude Miller, Bertrand Blier et James Ivory. Parmi ses films les plus beaux citons : L’armée des ombres (1969), Quatre nuits d’un rêveur (1971), La maman et la putain (1973), La chair de l’orchidée (1974), Retour à la bien-aimée (1979), Jefferson à Paris (1995), Camille Claudel (1988), Cyrano de Bergerac (1990) tous deux récompensés par un César de l'image. Il créa maints dispositifs associés au travail de la lumière (toiles suspendues en plein air au-dessus des acteurs, installation de cubes inventés pour diffuser la lumière, projecteurs, réflecteurs...) Son apport à la photographie dans les films est considérable et ses innovations au cours de l'évolution du cinéma argentique ont largement contribué à enrichir les techniques du cinéma d'aujourd'hui. Cet homme généreux et disponible m'avait donné de précieux conseils lorsque je préparais mon premier long-métrage.

La chair de l’orchidée (1974) de Patrice Chéreau

La chair de l’orchidée (1974) de Patrice Chéreau

L’armée des ombres (1969) de Jean-Pierre Melville


lundi 1 juillet 2019

Une Palme d'Or grand public

Je n'avais pu voir Parasite lors de sa présentation à Cannes, ce fut un régal de le découvrir. D'une grande maîtrise, le film de Bong Joon-ho réussit l'exploit de réunir tous les genres en un seul: thriller, film social, comédie, tragédie et film d'horreur. La performance vaut à elle seule le détour. On se laisse littéralement happer de la première à la dernière image par l'histoire de la famille Ki-taek, issue des quartiers pauvres, qui avec un machiavélisme raffiné va peu à peu prendre possession des richissimes Park. L'oeuvre n'est pas avare de rebondissements inattendus et je dois dire qu'il était devenu assez rare ces dernières années qu'une Palme d'Or à Cannes rencontre le grand public. Voilà le lien renoué. Ne doutons pas que le film restera dans les mémoires pour son originalité, son sens du récit et son suspense hitchcockien ! Les acteurs sont formidables, en particulier Song Kang-ho qu'on ne présente plus depuis Memories of murder et Sympathy for M.Vengeance ainsi que le jeune Choi Woo-shik, découvert dans Dernier train pour Busan. Un plat savoureusement épicé à déguster en famille avec un final haut en couleurs, à éloigner tout de même des âmes trop sensibles et des enfants.

Parasite (2019) de Bong Joon-ho