samedi 30 septembre 2017

"Latifa, le cœur au combat" (2017) de Olivier Peyon et Cyril Brody


Elle a perdu son fils Imad ibn Ziaten, sous-officier du 1er régiment du train parachutiste de Francazal, assassiné par Mohammed Merah le 11 mars 2012 en même temps que deux autres militaires, onze civils dont quatre de confession juive, un rabbin et trois enfants. Sa blessure ne se refermera jamais. Depuis Latifa milite pour prévenir les dérives sectaires et extrémistes, parcourant les écoles dans le monde (Palestine, Israël, Chine) à travers son Association IMAD pour éduquer les plus jeunes sur ce fléau. Toute la dignité, la compassion et le courage de cette femme dans le documentaire Latifa, le cœur au combat.


lundi 25 septembre 2017

Gisèle Casadesus (1914-2017)

Gisèle Casadesus, la doyenne de nos actrices, s’est éteinte à l’âge de 103 ans. Elle avait traversé allègrement dix décennies sur les planches et devant la caméra depuis son entrée à la Comédie Française à l’âge de vingt ans en 1934. Dans sa filmographie riche d’une centaine de films on ne compte plus le nombre de personnalités fabuleuses avec lesquels elle collabora : Michel Simon, Raimu, Louis Jouvet, Pierre Fresnay, Jean Gabin, Gérard Depardieu. Il faut revoir notamment La tête en friche (2010) de Jean Becker, émouvante ode au langage et à la culture où la comédienne fait merveille. A plus de cent ans elle continuait de tourner. Mais c’est surtout au théâtre que Gisèle Casadesus s’illustra, interprétant tous les grands classiques (Molière, Marivaux, Annouilh, Pirandello, Duras) dans plus de quarante pays. Elle obtint un Molière d’honneur en 2003. Gisèle Casadesus avait publié en 2007 Le jeu de l'amour et du théâtre, précieux témoignage sans nostalgie sur les coulisses de la scène et de la vie et qui suscite l’admiration.

Vautrin (1943) de Pierre Billon

dimanche 24 septembre 2017

Annette Wademant (1928-2017) scénariste : une contribution importante au cinéma français.

Il fut une époque où, il faut bien le dire, les femmes étaient dans les métiers du cinéma quasiment inexistantes au poste de scénariste. Dans les années 50 on les comptait sur les doigts d’une main et lorsqu’elles écrivaient des films, celles-ci disparaissaient la plupart du temps des génériques. Apprenant le décès d’Annette Wademant à l’âge de 89 ans le 1er septembre dernier, il me semblait essentiel de revenir sur le parcours de cette importante scénariste du cinéma français, du temps où seuls les noms de Françoise Giroud, Jacqueline Audry et Nicole Védrès circulaient dans la profession.

Née en 1928 à Bruxelles c’est grâce à Jacques Becker qu’elle fit son entrée au cinéma, écrivant pour lui les merveilleux Édouard et Caroline en 1951, et Rue de l’Estrapade en 1953. Selon les mots même d’Annette Wademant au sujet de Becker : « Une de ses qualités extraordinaires, c’était sa facilité à parler avec tout le monde de la même façon. Il n’y avait pas de distance parce que c’était quelqu’un d’habité, qui cultivait l’état de grâce. » Présente sur le plateau tout au long du tournage d’Edouard et Caroline, et tandis que le réalisateur mettait un soin particulier à sa technique, Annette Wademant occupa une place essentielle avec les acteurs et principalement auprès d’Anne Vernon à laquelle elle s’identifia totalement : « Ma seule préoccupation c’était le scénario et les acteurs. A tel point que si pour un mouvement donné elle n’avait pas dit le texte comme je le voulais, je demandais à ce qu’on refasse la prise. » L’accueil réservé à Cannes en 1951 fut triomphal pour cette formidable comédie sur une relation passionnelle et amoureuse à la fine psychologie. Un ton nouveau était né, acclamé par Jean Cocteau, qui encouragea fortement ceux qui firent les piliers de la future Nouvelle Vague, Truffaut et Godard, à tourner des films.

Anne Vernon, Daniel Gélin Edouard et Caroline, 1951

C’est Annette Wademant qui eut l’idée de Rue de l’Estrapade, écrivant le scénario en un mois et apparaissant pour la première fois comme seule auteure au générique. « J’étais vraiment Anne Vernon telle que vous la voyez et la création réside dans la retranscription. J’ai quitté un garçon en Belgique sans l’avoir averti, et je suis venu vivre à Paris rue de l’Estrapade. Un jour comme Louis Jourdan il a monté l’escalier et il a découvert la chambre. J’ai transposé tout cela qui est une partie de ma vie. »

Daniel Gélin, Anne Vernon Rue de l'Estrapade, 1953

Il serait injuste de ne pas citer  Casque d’or auquel elle collabora, malgré que son nom ne figure pas au générique. En 1954 Annette Wademant travailla pour la dernière fois avec Becker sur une version du scénario d’Ali Baba et les quarante voleurs avant d’être engagée par le grand Max Ophüls sur ce qui allait être le deuxième chef d’œuvre auquel la scénariste participa : Madame de, adapté de Louise de Vilmorin. Rarement film excella de par une telle sensibilité, un tel rythme et un tel jeu d’acteurs, allant puiser jusqu’à plus soif dans les méandres complexes et changeants de la psychologie féminine. Danielle Darrieux y trouva l’un de ses plus beaux rôles. 

S’ensuivit en 1955 le non moins extraordinaire Lola Montes dont le rayonnement n’en finit pas de nous éblouir plus d’un demi-siècle plus tard et pour lequel Annette Wademant signa l’adaptation. Elle continuera de travailler sur une vingtaine de longs-métrages jusqu’au milieu des années 70, assurant tour à tour les postes de scénariste et de scripte (avec notamment Marc Allégret, Yves Ciampi, Michel Boisrond, Henri Verneuil et Philippe Garrel) avant de se retirer. Ne doutons pas que son importante contribution au cinéma français ait ouvert des voies parmi les nouvelles générations, notamment féminines, afin d’occuper les places qui leur sont dues en matière d’écriture et de renouveau.

Annette Wademant