Après Invincible que je considère comme un chef d'oeuvre, Angelina Jolie
a signé avec Vue sur mer (By the sea), son 2e opus, un film beau
et grave qui nous immerge dans les tourments d'un couple fragilisé par les
épreuves de la vie. Très européen dans sa facture (on est proche du Villa Amalia de Benoît Jacquot) le film
s'impose par un langage simple et épuré, à la mise en scène précise, dans
lequel le couple Jolie-Pitt n'hésite pas à se mettre en abyme. Écrit, produit
et réalisé par l'actrice, le film opère une sorte de radiographie de la mémoire
qui prend le temps de se rouvrir au fur et à mesure que passent des jours d'été
lumineux et silencieux. Les personnages -elle danseuse, lui écrivain- amarrés
sur le bout de terre d'un Cap plein sud, tentent de renouer avec eux-mêmes dans
un douloureux face à face qui est d'une touchante humanité. La communication
entre les êtres, la parole comme nécessité sont les vrais sujets du film et Angelina Jolie et Brad Pitt sont d'une sobriété exemplaire. Quasiment chorégraphique,
fait de murmures et de bruissements, le film, féminin avant tout, est un moment
de grâce qui nous comble en ces temps de violence et de fureur. Gabriel Yared
signe une partition magique et les seconds rôles, Niels Arestrup en tête,
participent à cet enchantement au charme discret, pudique et tout en
délicatesse. Un film au goût presque suranné qui confirme l'indéniable talent
d'Angelina Jolie en tant que réalisatrice.
Angelina Jolie et Brad Pitt dans Vue sur mer (2015)
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