Andrzej
Zulawski, l’un des cinéastes les plus originaux de notre temps vient de disparaître à l’âge de 75 ans. Exalté, excessif, souvent décrié mais doué de forte
créativité dans son expression visuelle et dans sa direction d’acteurs, il aura
marqué d’un sceau indélébile l’histoire du cinéma européen contemporain avec
des œuvres pour le moins explosives dont on ne sortait jamais indemne. Qui ne
se souvient de Romy Schneider dans L’important c’est d’aimer, d’Isabelle
Adjani dans Possession, de Sophie Marceau dans L’amour braque, de
Valérie Kaprisky dans La femme publique, de Marie-France Pisier dans La
note bleue et de tout récemment Sabine Azéma dans Cosmos, adapté de
Gombrowicz.
Isabelle
Adjani dans Possession (1981)
Explorateur de l’âme féminine, il avait su donner aux actrices leurs
plus beaux rôles. Il aimait les acteurs, les mettait en danger, tordant le cou
aux narrations classiques, emporté par des travellings fous, des lumières
brûlantes et des mises en scène incandescentes que certains jugèrent parfois
outrancières et sans demi-mesure. La demi-mesure Zulawski ne la connaissait
pas. Polonais dans l’âme, ses coups d’éclats cinématographiques ressemblaient
davantage à l’opéra rock et au Théâtre du Grand guignol qu’aux calmes rivières
des lignes éditoriales bien formatées. Ses films sont tous à redécouvrir les
uns après les autres et j’en donnerais cent autres pour les quinze premières
minutes de Mes nuits sont plus belles que vos jours, film baroque et
lumineux sur la perte de mémoire, emporté par un Jacques Dutronc fiévreux et
une Sophie Marceau d’une beauté à couper le souffle.
Mes nuits sont plus belles que vos jours (1989)
Il
était plus qu’un cinéaste, un artiste complet (un poète et un écrivain aussi
qui a donné une dizaine d’ouvrages et plusieurs tomes de feuilletons et de
mémoires) dont la singulière personnalité imprègne chaque image de ses treize
longs-métrages filmés dans un sentiment d’urgence avec une sincérité absolue. Qu’Andrzej
Zulawski repose en paix parmi les grands et aussi pour se souvenir que le
cinéma n’est pas seulement qu’un produit de consommation. Il est un art
complet, vivant, un outil indispensable de création, une forme de résistance et
d’engagement à la fois politique, morale et culturelle pour toutes les
générations présentes et à venir.
Andrzej Zulawski en DVD :
La troisième partie de la nuit/Le diable/Sur le globe d'argent (Malavida)
L'important c'est d'aimer (Studio Canal)
Possession (TF1 Video)
La femme publique (LCJ éditions)
L'amour braque (Studio Canal)
Boris Godounov (Gaumont)
La note bleue (Les films du collectionneur)
Mes nuits sont plus belles que vos jours (Arthaus)
La fidélité (DVDYFilms)
Zulawski par Zulawski (Canal Plus)
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