lundi 4 janvier 2016

Michel Galabru, jour de relâche


À 93 ans il s’est éteint dans son sommeil dès le début de 2016. Il avait fait son temps et quel temps ! Acteur dans plus de 200 films depuis 1950 il avait tout joué, au cinéma, à la télévision et au théâtre, de Shakespeare à Molière en passant par Montherlant, Feydeau, Jules Romains, Goldoni ou Marcel Pagnol. César du Meilleur Acteur en 1977 pour son rôle inoubliable de Bouvier dans Le juge et l’assassin de Bertrand Tavernier et Molière du Meilleur Comédien en 2008 pour Les Chaussettes opus 124, il s’était fait aussi spécialiste du « nanar » à la française, mais chacune de ses apparitions ne manquait pas de sel. Jean-Pierre Mocky, Georges Lautner, Bertrand Blier, Pascal Thomas, Claude Berri, Jean Becker, Jean Marboeuf ou Luc Besson, entre autres, ne s’y étaient pas trompés en lui confiant d’inoubliables personnages dont certaines répliques sont devenues cultes. Qui ne se souvient de « Police, menottes, prison ! » dans Subway .  

Le juge et l’assassin (1976)

A mes débuts j’ai eu la chance de travailler avec lui sur ce film, allant le chercher chez lui tous les matins. Il me recevait en pyjama, hirsute, grognon, mais prêt à décoller quelques minutes plus tard. Une fois dans ma voiture il me lançait alors un « Arrêtez-moi pour la presse ! » et dévalisait la moitié d’un kiosque à journaux. Puis il se plongeait dans une multitude de magazines et j’avais droit à de copieux commentaires. Sacré Michel ! Un acteur, un personnage, un géant de la vie et de la comédie. Nous avons passé ensemble de bons moments. Tragi-comique, souvent génial, pince-sans rire et particulièrement lucide, des comme lui il n’y en avait pas deux. Pour preuve cette réaction face à un journaliste lui demandant quel conseil donner aux jeunes actrices : « Je conseille toujours à une jeune fille qui veut percer au cinéma de monter à moitié nue sur un chameau et de rentrer dans le hall du Carlton pendant le festival de Cannes. Elle aura tous les journaux et tous les photographes alors que si elle joue bien Phèdre à la Comédie Française elle n’aura que trois lignes. C’est vous la presse qui fabriquez les gens, mais quelquefois ce sont des fausses valeurs ! » Respect et admiration pour ce grand acteur et homme de cœur. Qu’il repose en paix.
Astérix et Obélix contre César (1999)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire