Le
nouveau Président Emmanuel Macron a au moins ce courage d’être prêt à affronter
l’autre. Il a ce mérite de savoir écouter sans tomber dans le béni oui-oui,
d’expliquer sans avoir peur de déplaire, de ne pas craindre d’aborder cet autre
les yeux dans les yeux. Prêt à aller sur le terrain sans perdre de ses moyens
devant l’insulte et le désaccord, il se situe à l’intersection entre les lois
cruelles de la mondialisation et l’empathie pour l’être humain ; entre la
nécessité de réguler les lois de la finance qui donne privilèges aux plus
riches et la nécessité d’apporter des réponses plus justes à un peuple de plus
en plus défavorisé ; contre la cupidité des uns qui mène à la fracture et
pour la reconnaissance des talents. Son programme, certes contesté, il sait le
défendre, l’expliquer, sans défaillir pour autant, et ce avec diplomatie,
courtoisie, souplesse, conviction, n’en déplaise. C’est le rôle d’un Président.
De s’accorder du désaccord, de comprendre en ne trahissant pas ses propres
idées, d’être prêt à analyser n’importe quelle situation dans le but d’en
démêler les fils, d’obtenir aussi le respect de ses pairs et de tout tenter
pour aller au-delà du possible afin de créer les meilleures conditions de l’amélioration.
L’idée
reçue et la caricature de l’ex-banquier ne sont plus de mise. Henri Emmanuelli,
chef de la gauche du PS, avait été banquier bien plus longtemps qu’Emmanuel
Macron, Jean-Luc Mélenchon ayant milité à ses côtés durant de nombreuses années.
Il
ne s’agit pas de donner blanc-seing au nouveau Président. Mais il ne sert à
rien non plus de lui tomber dessus à bras raccourcis alors qu’il ne gouvernera
pas seul et qu’il n’a pas encore débuté son mandat. Donnons-lui au moins sa
chance, laissons-le œuvrer pour le bien de la France. Si un homme peut rester
droit dans ses bottes pour discourir sous les cris et les insultes des
travailleurs et des syndicats de Whirlpool pendant deux heures et repartir avec
leur égard malgré l’emprise de leur souffrance, je ne vois pourquoi il n’aurait
pas cette capacité de faire de même avec l’ensemble du peuple français. De
diviser, de réagir à l’emporte-pièces ou de fuir n’est pas dans sa nature. Il y
aura beaucoup d’opposition dans les temps qui viennent mais celle-ci ne
l’effraie pas. Il devrait savoir négocier, discuter, le plus équitablement
possible, même si le mot politique n’est pas toujours synonyme d’équité. La
responsabilité de ce Président sera de faire envers et contre tout son maximum
et même bien au-delà pour répondre aux attentes. Au risque du bruit, de la
fureur et des conflits à la chaîne.
C’est
d’un leader dont nous avons besoin. De quelqu’un qui ne dise pas toujours
« amen » pour plaire et s’en laver ensuite les mains, de quelqu’un
qui ne crie pas non plus « dehors » pour faire gronder davantage
encore la révolte. Et s’il ne peut promettre le bonheur, ce Président-là s’est
engagé au moins à faire chaque année le point sur son travail et à être passé
au crible par les Français pour toutes questions qu’ils jugeront utiles de lui
poser, notamment en live sur un site web d’information indépendant.
En
ces temps troublés de confusion et de révolte où chacun se déchire au milieu
des plaies à vif laissées par un système qui a vu ses limites, la médisance, la
haine et la violence des mots ne peuvent être un idéal d’avenir et de dialogue.
Elles ne plaident pas en faveur de la combattivité et de l’adaptabilité
nécessaires face aux nouveaux enjeux sociétaux, ces nobles vertus qui aident
souvent à mieux rebondir et à mieux entreprendre pour inverser la tendance au
fatalisme et à la désespérance.
A
l’époque d’Internet et des réseaux sociaux où la manipulation, la croyance en
de fausses informations provenant de sites peu fiables et le commentaire sur
les rumeurs non fondées ont pris le pas sur l’esprit de discernement pour créer
davantage encore la division, les violentes réactions émotionnelles n’ont pour
conséquences que d’amplifier la confusion et le malheur dans nos sociétés. De
prendre la mesure de ces méfaits et de chercher l’information véritable, c’est
déjà sortir de la brume l’esprit objectif pour être avoir une pensée plus
juste.
Qui
plus est, si chacun d’entre nous n’œuvre pas un minimum pour opérer un
changement d’état d’esprit afin de mieux accepter l’autre, le débat, les prises
de positions différentes, dans le simple but de comprendre les tenant et
aboutissant des problèmes qui nous préoccupent et de trouver des solutions aux
désaccords – il y va de notre propre intérêt,
de celui de la nation toute entière et de l’avenir de nos enfants – tout risque
alors de n’être plus que délabrement, guerre civile et destruction.
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