lundi 8 mai 2017

Un Président sous haute tension


Le nouveau Président Emmanuel Macron a au moins ce courage d’être prêt à affronter l’autre. Il a ce mérite de savoir écouter sans tomber dans le béni oui-oui, d’expliquer sans avoir peur de déplaire, de ne pas craindre d’aborder cet autre les yeux dans les yeux. Prêt à aller sur le terrain sans perdre de ses moyens devant l’insulte et le désaccord, il se situe à l’intersection entre les lois cruelles de la mondialisation et l’empathie pour l’être humain ; entre la nécessité de réguler les lois de la finance qui donne privilèges aux plus riches et la nécessité d’apporter des réponses plus justes à un peuple de plus en plus défavorisé ; contre la cupidité des uns qui mène à la fracture et pour la reconnaissance des talents. Son programme, certes contesté, il sait le défendre, l’expliquer, sans défaillir pour autant, et ce avec diplomatie, courtoisie, souplesse, conviction, n’en déplaise. C’est le rôle d’un Président. De s’accorder du désaccord, de comprendre en ne trahissant pas ses propres idées, d’être prêt à analyser n’importe quelle situation dans le but d’en démêler les fils, d’obtenir aussi le respect de ses pairs et de tout tenter pour aller au-delà du possible afin de créer les meilleures conditions de l’amélioration.
L’idée reçue et la caricature de l’ex-banquier ne sont plus de mise. Henri Emmanuelli, chef de la gauche du PS, avait été banquier bien plus longtemps qu’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon ayant milité à ses côtés durant de nombreuses années.
Il ne s’agit pas de donner blanc-seing au nouveau Président. Mais il ne sert à rien non plus de lui tomber dessus à bras raccourcis alors qu’il ne gouvernera pas seul et qu’il n’a pas encore débuté son mandat. Donnons-lui au moins sa chance, laissons-le œuvrer pour le bien de la France. Si un homme peut rester droit dans ses bottes pour discourir sous les cris et les insultes des travailleurs et des syndicats de Whirlpool pendant deux heures et repartir avec leur égard malgré l’emprise de leur souffrance, je ne vois pourquoi il n’aurait pas cette capacité de faire de même avec l’ensemble du peuple français. De diviser, de réagir à l’emporte-pièces ou de fuir n’est pas dans sa nature. Il y aura beaucoup d’opposition dans les temps qui viennent mais celle-ci ne l’effraie pas. Il devrait savoir négocier, discuter, le plus équitablement possible, même si le mot politique n’est pas toujours synonyme d’équité. La responsabilité de ce Président sera de faire envers et contre tout son maximum et même bien au-delà pour répondre aux attentes. Au risque du bruit, de la fureur et des conflits à la chaîne.
C’est d’un leader dont nous avons besoin. De quelqu’un qui ne dise pas toujours « amen » pour plaire et s’en laver ensuite les mains, de quelqu’un qui ne crie pas non plus « dehors » pour faire gronder davantage encore la révolte. Et s’il ne peut promettre le bonheur, ce Président-là s’est engagé au moins à faire chaque année le point sur son travail et à être passé au crible par les Français pour toutes questions qu’ils jugeront utiles de lui poser, notamment en live sur un site web d’information indépendant.

En ces temps troublés de confusion et de révolte où chacun se déchire au milieu des plaies à vif laissées par un système qui a vu ses limites, la médisance, la haine et la violence des mots ne peuvent être un idéal d’avenir et de dialogue. Elles ne plaident pas en faveur de la combattivité et de l’adaptabilité nécessaires face aux nouveaux enjeux sociétaux, ces nobles vertus qui aident souvent à mieux rebondir et à mieux entreprendre pour inverser la tendance au fatalisme et à la désespérance.
A l’époque d’Internet et des réseaux sociaux où la manipulation, la croyance en de fausses informations provenant de sites peu fiables et le commentaire sur les rumeurs non fondées ont pris le pas sur l’esprit de discernement pour créer davantage encore la division, les violentes réactions émotionnelles n’ont pour conséquences que d’amplifier la confusion et le malheur dans nos sociétés. De prendre la mesure de ces méfaits et de chercher l’information véritable, c’est déjà sortir de la brume l’esprit objectif pour être avoir une pensée plus juste.
Qui plus est, si chacun d’entre nous n’œuvre pas un minimum pour opérer un changement d’état d’esprit afin de mieux accepter l’autre, le débat, les prises de positions différentes, dans le simple but de comprendre les tenant et aboutissant des problèmes qui nous préoccupent et de trouver des solutions aux désaccords – il  y va de notre propre intérêt, de celui de la nation toute entière et de l’avenir de nos enfants – tout risque alors de n’être plus que délabrement, guerre civile et destruction.

 

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