En sortant de la bouche de métro les
passants sont assaillis par des poignées de militants qui crient des tracts à
la main : « Votez Mélenchon ! », « Votez Fillon ! », « Votez
Macron ! », « Votez Le Pen ! ». Ça me rappelle le temps où,
gamin, nous vendions dans la rue des billets de tombola pour la kermesse le
soir après l'école : « Hé m'sieur siouplaît ! Achetez-moi un billet ! »
Le plus convaincant s'en repartait le premier chez lui, les poches pleines de
pièces, fier d'avoir réussi à écouler tout son
stock.
Le flot
des voyageurs qui émerge à la lumière du jour tente de se frayer un chemin
parmi la foule : « Le monde sera meilleur avec mon candidat ! », « Vous aurez plus d'avantages avec le
mien ! », « Mon candidat est
le meilleur ! ». La politique se vend au plus offrant, à coups
d'interjections, de cris, de sollicitations, sous une rangée de bras vantant
les mérites d'untel ou untel. Chacun a son argument de vente, participant à la
grande opération marketing. Les colporteurs sont frénétiques, la TV est là,
interrogeant l'homme de la rue qui se prête au jeu de la vedette d'un instant
sur le trottoir. La fin de la période électorale semble annoncer le 1er mai
prochain, jour du muguet où les stands fleuriront dans les rues et sur les
places. Mais alors peut-être est-ce le parfum qui manque à cette grande
braderie de la campagne présidentielle où pour un peu l'on se croirait au marché
aux Puces. Je me demande si l'on bradera dimanche pour écouler les voix
restantes, celles qui se sont tues jusque là et qui rêvent d'un monde qu'on
voit seulement au cinéma et dans les livres d'enfants. La Paix et le Bonheur ne
se vendent peut-être plus qu'à la Télé ou dans la Silicone Valley.
Dans
quinze jours chacun s'en retournera au travail, satisfait ou déçu, pour le
meilleur ou pour le pire. Nous sommes les instruments d'un monde qui rejouera
la partition sous la baguette d'un nouveau chef d'orchestre. Quelle musique
entendrons-nous ? Mozart ? Wagner ? Beethoven ? Ennio Morricone ? A moins qu'il
ne s'agisse de cacophonie si le maestro n'est pas à la hauteur. Parfois je
rêve de silence, d'une musique qu'on n'entend pas, du bruissement des feuilles
dans les arbres et de cinéma muet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire