Un film sobre, épuré, quasiment sans
musique, proche des grands maîtres japonais. Un film existentiel, nourri de
voix intérieures, comme un journal de bord, une confession. Un film qui remet
en question l'approche de la foi, un film faisant apparaître ce qu'est le sens
de la spiritualité face à la persécution, à la barbarie, au sacrifice. L'oeuvre
littéraire était de taille. (Voir le livre de Shūsaku Endō déjà adapté en 1971
par Masahiro Shinoda.) Scorsese en a tiré un
ouvrage d'une profondeur inouïe, issu de plusieurs décennies de maturation. Un
film comme il en existe peu et où la présence des acteurs, la gestuelle, la voix,
la composition des cadres et le rythme en appellent au silence, à la
méditation, sans que jamais l'émotion ne nous lâche durant les 2h40 de
projection. Une véritable expérience artistique et philosophique rompant net
avec la débilité des bandes annonces qui précèdent le film. Une oeuvre
magistrale et puissante qui laisse une marque et que le fil du temps n'altèrera
pas. Il faut une dose immense de courage et d'audace pour se lancer dans une
telle entreprise. On en ressort secoué, lavé, déconnecté comme après certains
chocs cinématographiques qui ont ébranlé nos vies. Un 7ème art retrouvé et
atteignant son apogée lorsqu'il nous nourrit à ce point.
Andrew Garfield et Adam Driver dans Silence (2016)
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