mardi 21 février 2017

SILENCE (2016) de Martin Scorsese


Un film sobre, épuré, quasiment sans musique, proche des grands maîtres japonais. Un film existentiel, nourri de voix intérieures, comme un journal de bord, une confession. Un film qui remet en question l'approche de la foi, un film faisant apparaître ce qu'est le sens de la spiritualité face à la persécution, à la barbarie, au sacrifice. L'oeuvre littéraire était de taille. (Voir le livre de Shūsaku Endō déjà adapté en 1971 par Masahiro Shinoda.) Scorsese en a tiré un ouvrage d'une profondeur inouïe, issu de plusieurs décennies de maturation. Un film comme il en existe peu et où la présence des acteurs, la gestuelle, la voix, la composition des cadres et le rythme en appellent au silence, à la méditation, sans que jamais l'émotion ne nous lâche durant les 2h40 de projection. Une véritable expérience artistique et philosophique rompant net avec la débilité des bandes annonces qui précèdent le film. Une oeuvre magistrale et puissante qui laisse une marque et que le fil du temps n'altèrera pas. Il faut une dose immense de courage et d'audace pour se lancer dans une telle entreprise. On en ressort secoué, lavé, déconnecté comme après certains chocs cinématographiques qui ont ébranlé nos vies. Un 7ème art retrouvé et atteignant son apogée lorsqu'il nous nourrit à ce point.

Andrew Garfield et Adam Driver dans Silence (2016)

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