Elle
avait créé un personnage entré dans les mœurs, estampillé par l’expression «
une coupe à la Mireille Darc ». En ces années 60/70 où la femme se libère, sort
de ses archétypes, l’héroïne des Barbouzes
et de La grande sauterelle exprimait
avec humour une indépendance toute féminine dans la lignée de ses consoeurs,
Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Marlène Jobert et dont la pionnière fut
Brigitte Bardot. Douée d’une aisance pour la comédie pure, choses rare chez les
actrices, Mireille Darc avait la particularité de se fondre dans les textes de
Michel Audiard, Bertrand Blier et Francis Veber avec un sens du rythme qui
faisait plaisir à voir. On n’est pas prêt d’oublier son rôle d’espionne dans Le grand blond avec une chaussure noire d’Yves
Robert et son personnage de Tchoo-Tchoo dans le déjanté Fantasia chez les ploucs de Gérard Pirès. Icône féminine des films
d’hommes, elle brocardait la gent masculine, n’hésitant pas à jouer des codes
de séduction pour tordre le cou avec malice aux machos et aux séducteurs en
tous genres. Il faut revoir La blonde de
Pékin, sorte de Modesty Blaise à la française, où pour une fois dans le
cinéma français de cette époque c’est la femme qui prend les rênes du film
d’espionnage, reléguant au second plan le mari, l’amant et les tueurs.
La blonde de Pékin (1967) de Nicolas Gessner
Jerry
Lewis disait que la critique avait toujours détesté ses films parce que
c’étaient des comédies, genre peu digne d’intérêt pour les intellectuels et les
bien-pensants. Il avait fallu attendre tardivement de le voir dans un rôle dramatique
(La valse des pantins de Martin
Scorsese) pour qu’on daigne lui attribuer une reconnaissance pour son travail.
Comme si l’Oscar qui lui fut décerné pour ce film faisait enfin apparaître son
talent.
Très
largement appréciée du public, on ne peut que regretter l’absence d’une vraie
reconnaissance pour l’actrice de Galia,
seul film de Mireille Darc a avoir obtenu un Prix d’interprétation féminine…en
Argentine.
Reconnaissons-lui
par ailleurs de s’être investie avec un égal talent dans la photographie et la
réalisation. Mireille Darc avait exposé l’année dernière chez Artcurial une
très belle série en noir en noir et blanc mettant en valeur la sensualité
féminine pour son exposition Un
après-midi à Saint-Germain-des-Prés. Elle avait également réalisé un
long-métrage (La barbare en 1989) et
une douzaine de documentaires : Pas sur
la bouche sur la prostitution et sa violence, Pardonner et surtout Elles
sont des dizaines de milliers sans abri en 2015. La réalisatrice rappelait
avec ce film que deux millions et demi de femmes vivent en France sous le seuil
de pauvreté, bataillant quotidiennement pour survivre. Mettant en lumière
toutes les failles d’un système, c’est avec beaucoup de sensibilité qu’elle
parvenait à donner la parole à ces « devenues invisibles », à force de misère
et de rejet.
Méconnue
pour ses engagements, Mireille Darc était une personnalité discrète qui savait
être à l’écoute des autres et dont la simplicité et la générosité touchait.
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