Avant première hier soir de Nana et les filles du bord de mer de Patricia Bardon, un de ces films faits avec les mains et le coeur en dehors des circuits traditionnels. La réalisatrice, déjà auteur de plusieurs moyens métrages et de L’homme imaginé avec Jacques Spiesser, nous offre ici une balade amoureuse en forme de chassé-croisé ayant pour cadre la petite ville du Crotoy en baie de Somme. Images lumineuses, comédiens de choix, mise en scène carrée aux accents d'Eric Rohmer, Patricia Bardon évoquant aussi son goût pour Aki Kaurismaki dans le passionnant entretien qu'elle donna à l'issue de la projection. Louons le courage de la cinéaste d'avoir su porter sur ses épaules un film dont elle assura la totale responsabilité, de la production jusqu'au montage final. Ce sont ces films-là qui nous touchent, de par leur authenticité en dehors des formatages. Découverte aussi d'une comédienne exceptionnelle, Sofiia Manousha, dont la présence irradie l'écran par sa personnalité aussi intrigante qu'attachante. Le film est fait de ces petits riens de la vie où le temps passe entre désirs et désillusions au coeur d'allers et venues sentimentales fort bien agencées. L'humour n'y manque pas, venant contrebalancer les questionnements des uns et des autres en ces temps où garçons et filles tentent de se frayer un chemin pour trouver leur part d'identité. Les séquences inspirées de danses et celle de la pêche aux crevettes viennent agrémenter un scénario précis aux personnages particulièrement bien dessinés. Soulignons également la belle bande originale d'Arno qui n'est pas sans rappeler le tandem Jim Jarmush-Tom Waits. Patricia Bardon prendra son baluchon pour accompagner son film dans les salles indépendantes, espérant vous y croiser. Vous ne regretterez pas le voyage.
Sortie en salles le 12 aout 2020
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