Ce mois-ci dans la revue Positif, conjointement avec l'hommage qui lui sera rendu en novembre à la Cinémathèque Française, on fait réapparaître le fantôme de Mauro Bolognini, cinéaste oublié dans les limbes du temps et que j'ai toujours cité comme l'un des grands maîtres italiens qui m'avaient inspiré. Mon adolescence fut parcourue de ses films (La viaccia, Les garçons, Le bel Antonio, La corruption) et plus tard, grâce à la vidéo, je découvris ces chefs-d'oeuvre que sont Libera, amore mio (l'un des meilleurs rôles de Claudia Cardinale) et surtout L'héritage, modèle de film romanesque à l'esthétique admirable. Cinéaste particulièrement sensible, exprimant des « douleurs si profondes qu'on peut en pleurer » (Wordsworth), parfois déroutant et dont la noirceur se mélange aux éclats de lumière, Bolognini n'eut jamais la reconnaissance d'un Visconti ou d'un Pasolini. Sa filmographie n'en est pas moins riche d'une cinquantaine de films pour le cinéma et la télévision. Pour la petite histoire, le hasard des rencontres a fait que j'ai eu l'occasion de travailler avec l'un de ses scénaristes, Roberto Leoni. Ce fut un apprentissage passionnant, nourri d'Histoire et de psychologie, qui solidifia mes travaux d'écriture.
Claudia Cardinale dans Libera, amore mio (1975)