Bonne
nouvelle que la sortie DVD des Lettres
portugaises, film arraché à la vie que j’ai réalisé en 2014. L’aventure
commença dans un jardin public avec l’actrice Ségolène Point qui initia le
projet. Au moment où nous nous demandions comment donner naissance au
film, un ballon aux couleurs du Portugal atterrit par un curieux hasard à nos
pieds. Il n’en fallut pas plus pour nous convaincre de nous lancer à corps
perdu dans l’aventure. L’originalité de ce film, son parti-pris de le faire
vivre avec quasiment une seule actrice à l’écran, tout en respectant le texte
initial paru en 1669, fait partie des plus grands défis que j’ai eu à accomplir
dans ma vie. Sans être bien certain du résultat final, nous
nous laissâmes guider par l’inspiration seule, la beauté des paysages du
Portugal et surtout la découverte du couvent de Beja où l’histoire réelle avait
eu lieu. Je ne sais encore comment j’ai pu entraîner une équipe à réaliser ce
pari fou que des spectateurs ont pu découvrir en France et à travers le monde
au printemps 2015. Il faut dire que nous avons été porté par la richesse d’un
texte, sa dramaturgie impeccable et les nombreuses émotions qui l’habitaient.
Publié comme étant l’œuvre de l’écrivain français Guilleragues, je tenais à
m’engouffrer dans la controverse qu’il suscita par ailleurs : de fervents admirateurs avaient découvert que derrière ces fameuses lettres, soi-disant
écrites par un homme, se profilait en fait en filigrane une religieuse portugaise du
nom de Mariana Alcoforado ayant réellement existé. Tout de la recherche
historique m’amena à penser que la trace de Mariana avait été effacée par les
sociétés littéraires du XVIIe siècle et le film n’en devenait que plus
nécessaire à mes yeux ; non seulement dans le but de réhabiliter son auteure véritable mais
aussi comme preuve d’engagement en ce qui concerne la place des femmes, trop souvent
écartées des milieux littéraires et artistiques de l’époque.
Si
le film doit tout à son sujet et à son actrice principale, il doit également beaucoup
à Francisco Ricardo qui a su retrouver des partitions originales de musique
baroque portugaise pour les réinterpréter en fonction du scénario et de sa dramaturgie. Rendant hommage une nouvelle fois à la performance
de Ségolène Point, unanimement saluée par la presse, je ne saurais oublier le chef
opérateur Jean-Paul Saulieu, dont le travail sur la lumière a enrichi avec
élégance tout l’univers des Lettres
portugaises. Pour celles et ceux qui vont découvrir le film aujourd’hui en
DVD je ne saurais mieux leur souhaiter un beau voyage au pays de la poésie et
de la lumière, elles-mêmes traversées par la présence encore incandescente de
Mariana Alcoforado.
Les Lettres Portugaises
France, 2014
Couleur, 75 minutes
Scénario et réalisation :
Bruno François-Boucher
Interprétation :
Ségolène Point, Nicolas Herman
Directeur de la
photographie : Jean-Paul Saulieu
Son : Stéphane Soye
Musique adaptée :
Francisco Ricardo
Montage : Olivier
Mauffroy, Jean Dubreuil
Produit par KapFilms
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