mercredi 25 février 2015

Unbroken (Invincible) d'Angelina Jolie, une oeuvre qui force le respect.


L'Histoire du monde a hélas toujours un goût de déjà vu. Mais contrairement à d’autres films de guerre et notamment à Furyo auquel on pourrait apparenter Unbroken (Invincible), l’action se déroule au Japon dans un camp de prisonniers durant le deuxième guerre mondiale, l'intérêt ici est de montrer comment un homme, Louie Zamperini (1917-2014), de par sa résistance exceptionnelle, est parvenu à mobiliser ses troupes pour survivre à la barbarie.

Une première partie en huis clos dans un canot de sauvetage après l’amérissage forcé de son bombardier nous décrit la survie de Zamperini et de celle de trois soldats durant 47 jours avant qu’ils ne soient récupérés par les Japonais. Traitée avec une grande sobriété, on voit tout de suite que ce qui a intéressé la réalisatrice n’est pas tant le film de guerre en tant que tel, mais le drame humain au travers de la confrontation avec l’autre dans une situation extrême. Angelina Jolie nous dresse le portrait d’un homme habité par une volonté de dépassement et dont l’exceptionnelle résistance à la douleur nous prépare dès cette première partie du film à une nouvelle épreuve au cœur d’une effroyable cruauté.


Récupérés par les Japonais, les trois survivants ne passeront pas moins de deux ans en captivité dans l’atoll de Kwajalein sous l’emprise du caporal sadique Mutsuhiro "Bird" Watanabe. Plus que dans tout autre film sur des camps de prisonniers, Unbroken surprend de par sa puissance d’évocation, son point de vue féminin ouvrant de nouveaux espaces de perception dans le traitement du sujet : la confrontation avec l’horreur, la violence extrême, l’ignominie, y sont abordés avec beaucoup d’intelligence et de courage, et tous les acteurs, Miyavi en tête et Jack O'Connell qui incarne Louie Zamperini, y sont saisissants de vérité.

Miyavi dans Unbroken

La scène où Zamperini parvient à éviter l'exécution d ‘un soldat en se sacrifiant sous les coups des siens, poussés par Watanabe, est en ce sens exemplaire. En acceptant de se soumettre physiquement Louie dépasse la violence sourde et aveugle qui les aurait tous détruits. C’est bien de solidarité dont il s'agit dans ce film aux accents fordiens et qui en fait une oeuvre unique basée sur la notion de survie, non pas individuelle, mais de celle qui permet d'entraîner un mouvement collectif dans le but de sauver les autres.

Jack O'Connell dans Unbroken

« On gagne en survivant jusqu'à la fin de la guerre… C''est comme ça qu'on fait… C'est comme ça qu'on se venge aussi… C'est celui qui tient bon qui arrive jusqu'au bout… » dit un soldat à Louie lorsqu’il subit de premiers sévices. Et c’est tout l’intérêt du film qui semble être passé étrangement sous silence tandis qu’on encense Fury de David Ayer, et qui prouve une nouvelle fois après Kathryn Bigelow et son Démineurs, que les femmes ont une place prépondérante dans le cinéma, n’en déplaise à leurs détracteurs.

N’ayons pas peur des mots, Unbroken, incompréhensible absent des Oscars 2015, est un film qui approche le chef d’œuvre. Il situe l'homme à un niveau de grandeur nous réconciliant avec l'humain et il va sans dire que le message délivré par le film d'Angelina Jolie fait du bien par les temps qui courent.

Angelina Jolie sur le tournage de Unbroken

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