L'Histoire
du monde a hélas toujours un goût de déjà vu. Mais contrairement à d’autres
films de guerre et notamment à Furyo
auquel on pourrait apparenter Unbroken
(Invincible), l’action se déroule au Japon dans un camp de prisonniers durant le deuxième guerre mondiale, l'intérêt
ici est de montrer comment un homme, Louie Zamperini (1917-2014), de par sa résistance
exceptionnelle, est parvenu à mobiliser ses troupes pour survivre à
la barbarie.
Une
première partie en huis clos dans un canot de sauvetage après l’amérissage
forcé de son bombardier nous décrit la survie de Zamperini et de celle de trois
soldats durant 47 jours avant qu’ils ne soient récupérés par les Japonais.
Traitée avec une grande sobriété, on voit tout de suite que ce qui a intéressé la réalisatrice n’est pas tant le film de guerre en tant que tel, mais le drame
humain au travers de la confrontation avec l’autre dans une situation extrême. Angelina
Jolie nous dresse le portrait d’un homme habité par une volonté de dépassement
et dont l’exceptionnelle résistance à la douleur nous prépare dès cette première partie du film à
une nouvelle épreuve au cœur d’une effroyable cruauté.
Récupérés
par les Japonais, les trois survivants ne passeront pas moins de deux ans en
captivité dans l’atoll de Kwajalein sous l’emprise du caporal sadique Mutsuhiro
"Bird" Watanabe. Plus que dans tout autre film sur des
camps de prisonniers, Unbroken
surprend de par sa puissance d’évocation, son point de vue féminin ouvrant de
nouveaux espaces de perception dans le traitement du sujet : la
confrontation avec l’horreur, la violence extrême, l’ignominie, y sont abordés
avec beaucoup d’intelligence et de courage, et tous les acteurs, Miyavi en tête
et Jack O'Connell qui incarne Louie Zamperini, y sont saisissants de vérité.
Miyavi dans Unbroken
La
scène où Zamperini parvient à éviter l'exécution d ‘un soldat en se
sacrifiant sous les coups des siens, poussés par Watanabe, est en ce sens
exemplaire. En acceptant de se soumettre physiquement Louie dépasse la violence
sourde et aveugle qui les aurait tous détruits. C’est bien de solidarité dont
il s'agit dans ce film aux accents fordiens et qui en fait une oeuvre unique
basée sur la notion de survie, non pas individuelle, mais de celle qui permet
d'entraîner un mouvement collectif dans le but de sauver les autres.
Jack O'Connell dans Unbroken
« On
gagne en survivant jusqu'à la fin de la guerre… C''est comme ça qu'on fait…
C'est comme ça qu'on se venge aussi… C'est celui qui tient bon qui arrive
jusqu'au bout… » dit un soldat à Louie lorsqu’il subit de
premiers sévices. Et c’est tout l’intérêt du film qui semble être passé
étrangement sous silence tandis qu’on encense Fury de David Ayer, et qui prouve une nouvelle fois après Kathryn
Bigelow et son Démineurs, que les
femmes ont une place prépondérante dans le cinéma, n’en déplaise à leurs
détracteurs.
N’ayons
pas peur des mots, Unbroken,
incompréhensible absent des Oscars 2015, est un film qui approche le chef
d’œuvre. Il situe l'homme à un niveau de grandeur nous réconciliant avec l'humain et il va sans dire que le message délivré par le film d'Angelina
Jolie fait du bien par les temps qui courent.
Angelina Jolie sur le tournage de Unbroken