jeudi 7 janvier 2010

Les films de Claude Berri


Tout le monde parlait de Claude Berri comme du plus grand producteur du cinéma français, voire du dernier nabab. Oui, c’est vrai, il a produit des films à succès et dans tous les genres - il a même bu parfois la tasse en se risquant sur des œuvres très ambitieuses - , son nom en tout cas fut incontournable dans le cinéma français depuis la fin des années 70.

Mais c’est vite oublier le parcours incroyable de ce petit bonhomme pour lequel au départ rien n’était gagné. Fils de fourreur et rebelle à la cause familiale, Claude Langmann a commencé par faire l’acteur de troisième plan dans nombre de films français du temps de la Nouvelle Vague. Mais on ne lui proposait rien de plus intéressant qu’être l’éternel bon-copain-du-copain-du-héros, et il s’est mis à écrire ses propres histoires dans le désir d’en faire d’abord des courts-métrages. N’arrivant cependant pas à trouver de réalisateur le voilà obligé de devenir lui-même metteur en scène. Et si à ce moment-là, en 1963, il n’avait pas obtenu l’Oscar du meilleur court-métrage, qui d’autre qu’Hollywood lui aurait attribué des honneurs ? Personne ne voulant produire son premier film il a fallu également qu’il se mette à son propre compte et ce, jusqu’à devenir également distributeur afin de pouvoir diffuser son travail dans les salles. C’était ça, Claude Berri.

Hubert Deschamps et Claude Berri dans 
Janine (court métrage de Maurice Pialat, 1962)


Ses films sont pour la plupart autobiographiques, ils puisent leur inspiration dans la vie réelle sur des thèmes simples et universels comme l’avaient fait avant lui Chaplin, Renoir, Pagnol, Guitry. Le vieil homme et l’enfant, Le cinéma de papa, La première fois sont à l’opposé de tout intellectualisme et réussissent à nous émouvoir avec intelligence, sensibilité et poésie. Ils peignent avec une grande justesse des fragments de vie, sans jamais avoir recours à la méchanceté. On trouve chez ce cinéaste tout un véritable art de conter.

Alain Cohen et Michel Simon dans 
Le vieil homme et l'enfant (1966)

Tchao Pantin le plaça aux yeux de tous comme l’un des 4 ou 5 plus grands réalisateurs en France. Il révéla tout au long de son oeuvre des acteurs importants (Agnès Soral, Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart…) offrit à Depardieu deux de ses plus grands rôles avec Jean de Florette et surtout Uranus, portrait au vitriol de la France sous l’Occupation.  Ce chef d’œuvre incontournable est devenu un grand classique au même titre que Casque d’or.


Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle dans 
Uranus (1990)


Amateur d’art et principalement de peinture contemporaine, l’ouverture dans le Marais de la galerie qui porte son nom fut en 2008 l’occasion unique de découvrir des œuvres qu’il collectionnait en toute confidentialité  de Man Ray à Kentridge en passant par Paul Mac Carthy. Il s’était également confié dans un livre d’une incroyable franchise, Autoportrait, et qu’il avait mis plusieurs années à écrire.

La disparition en janvier 2009 de cette très haute personnalité du cinéma nous a saisi de par sa soudaineté, dans un monde qui voit disparaître chaque jour un peu plus les derniers détenteurs d’un art de l’éclectisme.

Bibliographie : Autoportrait par Claude Berri, éditions Léo Scheer, 2003, et Le livre de poche, 2005.

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