Birdman, le film aux 4 oscars,
est loin du cinéma que j’aime mais il a le grand mérite d’apporter un souffle
de liberté sur nos écrans envahis par le formatage et la bien-pensance.
Insolent, ravageur, lucide et empreint d’une vraie rébellion contre la société
du spectacle surmédiatisée, le film surprend tant il est décapant et
magistralement interprété par Michael Keaton, Edward Norton, Amy Ryan, Emma
Stone, Naomi Watts. Adapté de Raymond Carver dont les nouvelles donnèrent jadis
le brillant Short cuts de Robert
Altman, l’œuvre passe au
crible les travers de la célébrité et rend aussi cruellement de la condition
d'acteurs dans un monde déshumanisé qui les a en partie reniés au profit des
blockbusters et de leur cote en fonction du nombre de clics sur internet. A la
fois incisif, tendre, tragique et dans la lignée de Fellini et de Terry Gilliam, Birdman
pourrait aussi s'apparenter aux Chaussons rouges de Michael Powell ou à un film de Bob Fosse lorsque ceux-ci
peignaient aussi implacablement les coulisses de la société du spectacle sans
épargner personne. Il faut voir la scène où Birdman règle son compte à la
critique venue le descendre, morceau d'anthologie, tout comme les magistraux
plans séquences peuplant le film de part en part et qui font preuve d’une
véritable maestria dans la mise en scène, chose de plus en plus rare au cinéma.
C’est assez génial, rafraîchissant et jouissif pour passer deux heures de sa
vie à faire un tel détour.
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