samedi 17 juillet 2021

Éloge du Cinéma

Plus que jamais aujourd'hui, le cinéma se doit d'être unique. Lorsque vous entrez dans une salle de 500 places, que vous pénétrez dans la semi obscurité pour vous assoir face à un écran de 18 mètres, nul autre endroit ne permet de recevoir ainsi le spectacle d'un film. Et puis la lumière s'estompe et vous allez être plongés dans quelque chose qui s'apparente à de la magie : un jeu d'ombres et de lumière où l'espace vous recouvre sans que vous soyez dérangés par votre téléphone, la venue d'un voisin, ou l'envie de mettre sur pause pour aller se servir dans le frigo. Votre mission, si vous l'acceptez, consistera à regarder le film en mettant de côté tout préjugé. Si vous ou l'un de vos compagnons étaient déçus, que votre voisin grignote son pop corn, qu'un autre se met à parler fort ou que la lumière d'un smartphone apparaît dans la salle, le 7ème art niera en être responsable. Le cinéma n'est pas un divertissement comme les autres. Le cinéma est un espace de pause dans une vie qui, s'il est bien fait, vous emmènera au-delà des frontières du quotidien, au cœur de zones non visibles, dans les contrées les plus reculés. Le cinéma est un art. Le 7ème art, - comme on dit la 4ème dimension, le 6ème sens ou le 36ème dessous. Le cinéma est un bien nécessaire pour la collectivité. Il est celui qui permet de franchir ces zones de la perception ordinaire, comme lorsqu'on se plonge dans la lecture d'un livre, l'écoute d'une oeuvre musicale ou qu'on assiste à un spectacle. Le cinéma est le roi de l'ombre et de la lumière, autant que celui du mouvement, des formes, de l'espace et du temps. Le cinéma n'en est encore qu'à son avènement. Il survivra aux modes et au temps, sans cesse sorti de l'inconscient de ses créateurs. Les films de cinéma sont comme des oiseaux qui s'envolent, échappant aux cages, demeurant à chaque nouvelle ère une fois encore insaisissables.

Nomadland (2020) de Chloé Zhao


jeudi 15 juillet 2021

"Titane" (2021) de Julia Ducournau

Le moins qu'on puisse dire est que le nouveau film de la réalisatrice de Grave dégage... Il est certain que le choc provoqué par le film restera dans les mémoires. Et quand les Français décident d'aller jusqu'au bout, ils n'ont rien à envier à David Lynch ou à David Cronenberg. C'est tout simplement étonnant, puissant et remarquablement mené. Bravo à Julia Ducournau d'avoir su procurer au spectateur une telle dose d'émotions et de remises en questions. C'est parfois trash, rock n'roll, violent et insoutenable, mais au moins rien n'est jamais gratuit car dès la première scène, tout ce qui va suivre sert le sujet. Roman noir à la limite du fantastique, le film contourne tous les pièges et l'on sort plus que bouleversé d'un tel brasier. Le feu traverse l'écran, les acteurs et la musique de Jim Williams prennent aux tripes et l'on demeure sonné jusqu'à ce que le générique de fin s'arrête. L'histoire est irracontable, il faut voir le film, et Agathe Rousselle et Vincent Lindon sont exceptionnels. Un grand film dérangeant et un énorme pavé dans la mare du cinéma français.