Revu hier avec des enfants
Duel,
l'un des premiers films de Steven Spielberg. Au début ils ont quelque peine à
entrer dans le film (l'automobiliste qui sort de chez lui, les paysages qui défilent
avant que l'on ne découvre le camion...) mais très vite, dès que celui-ci
apparaît, ils commencent à s'intéresser. La seule question qu'ils posent durant
la projection est : "Est-ce qu'on va voir le chauffeur du camion ?".
Quand ils comprennent qu'ils ne le verront jamais, ils trouvent le film un peu
bizarre, mais le suspense marche toujours jusqu'à la fin.
Duel (1971) de Steven Spielberg
Je trouve le film toujours
parfaitement maîtrisé, truffé d'idées inventives, surtout la scène du bar où
tout devient suspicieux, la présence de l'ennemi étant omniprésente. Finalement
c'est l'histoire d'un homme ordinaire, confronté au dépassement de lui-même
pour sauver sa peau. Adapté au départ d'une nouvelle du grand Richard Matheson,
Duel séduit
toujours par son sujet, et me rend surtout très admiratif de par son économie
de moyens. Très complexe à tourner (la multiplicité des angles de prises de
vues et des raccords) l'oeuvre reste un grand classique, un must aux allures
hitchcockiennes que tous les étudiants de cinéma du monde entier peuvent à
loisirs disséquer pour en saisir le moindre rouage. La musique aux accents de Psychose
renforce
encore l'atmosphère tendue, et chaque élément s'imbrique parfaitement l’un dans
l’autre.
Duel (1971) de Steven Spielberg
Les enfants comprennent
rapidement qu'ils ont affaire à un fou dangereux, ce qui les effraie toujours
autant. Le seul témoin de l'agression est la femme qui élève des serpents dans
le désert, sinon tous les autres personnages pensent que c'est le chauffeur de
la voiture qui est fou. Dans la version longue il y a cette très belle séquence
où les enfants du car en panne, grimaçants derrière la vitre, semblent eux
aussi se jouer du héros malmené. Lorsque c'est le camion qui vient finalement à
leur rescousse, jouant pour un instant le rôle du héros positif, tout se
renverse, et le chauffeur de la voiture sait à présent qu'il devra combattre
tout seul contre son ennemi. Quand il verrouille sa ceinture de sécurité et
qu'il s'adresse au chauffeur du camion en disant "Tu veux vraiment jouer ?
Alors d'accord, maintenant on va jouer pour de bon..", le héros victime se
transforme en un survivant du coûte que coûte, et la violence de l'autre à son égard
décuple ses capacités.
La fin, très belle elle aussi, nous le montre seul sur
la colline au coucher du soleil devant la carcasse du camion, encore en état de
choc longtemps encore après que le duel se soit achevé. Pas d'autre bruit que
le vent du désert qui vient tout balayer. Les enfants regrettent un peu
l'absence de musique à ce moment-là, mais le film leur laisse un goût étrange,
celui d'un film pas comme les autres.
Duel (1971) de Steven Spielberg
À une heure où au cinéma
tout se comprend dès la première minute, voire dès la bande annonce, Duel, qui est au départ un téléfilm,
illustre parfaitement cette réflexion de son réalisateur lui-même, disant récemment
lors d'une de ses interventions à U.C.L.A, l'école de cinéma de Los Angeles :
"La meilleure façon de se rendre compte si l'histoire d'un film est
claire, c'est de pouvoir l'imaginer sans les dialogues".
Duel (1971) de Steven Spielberg
Duel (DVD Edition Collector)
Durée
: 90 min
Distributeur
: Universal Studios
Sortie
: 2004-08-17
Avec
: Dennis Weaver, Jacqueline Scott, Eddie Firestone, Lou Frizzell, Lucille
Benson
Réalisé
par Steven Spielberg
Produit
par George Eckstein
Écrit
par Richard Matheson
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