dimanche 12 février 2012

Les lettres portugaises (en tournage)


La passion amoureuse et l’approche des sentiments à travers la féminité, sont des thèmes que je développe depuis plusieurs années, profondément marqué par le travail d’Ingmar Bergman sur le sujet. En lisant Les lettres portugaises de Mariana Alcoforado traduites en français par Guilleragues, cinq lettres d’amour passionnées et désespérées qu’écrit une jeune femme abandonnée par son amant, j’ai immédiatement été touché par le courage du personnage qui analyse avec une précision exemplaire les rouages de sa passion qui se perd parfois en déraison. Plus que jamais l’occasion m’était donnée avec Les lettres portugaises de pouvoir mettre en scène ces thématiques sur lesquelles je n’ai cessé de faire des recherches, m’appuyant, entre autres, sur l’étude menée par Roland Barthes dans ses Fragments d’un discours amoureux : l’amour fou, le cheminement douloureux et chaotique de la passion, l’abandon de soi, l’humilité, la quête de spiritualité, et surtout, la capacité à transcender ses propres sentiments en un amour universel.

La beauté des Lettres portugaises réside dans leur qualité littéraire, qui parvient admirablement à retranscrire les états psychologiques et émotionnels traversés par la jeune femme. Isolée entre quatre murs, son discours amoureux demeuré sans réponse, est à la fois l’expression d’un renoncement et aussi celui d’une femme à la personnalité peu commune, Mariana Alcoforado, qui lutte avec force et courage pour atteindre un sommet de dignité.

A travers une incursion dans le présent, où une jeune femme part à la recherche de Mariana, ma proposition de film se veut être le lien entre passé et présent, afin d’inviter le spectateur d’aujourd’hui à s’identifier, comprendre et s’émouvoir d’un personnage féminin tout en force et en sensibilité, et dont les échos, à travers un texte écrit en 1668, résonnent toujours autant en 2012.

L’actrice que j’ai choisie pour interpréter ce rôle, Ségolène Point, s’est principalement illustrée au théâtre, notamment pour représenter l’intimité de personnages emblématiques tels que Odette dans Le bel indifférent ou Célestine dans Le journal d’une femme de chambre. Dotée d’un fort potentiel dramatique tout en jouant de sensualité pour explorer les mécanismes complexes de la passion, elle est à même d’incarner Mariana, la jeune religieuse. Son jeu sensible et sa justesse ont été à diverses reprises reconnus par la presse et par le public. Son approche très cinématographique et son aptitude au romanesque, renforcent encore le personnage des Lettres portugaises.

Nicolas Herman, remarqué également au théâtre et à la télévison où il incarna le célèbre héros de Plus belle la vie, nous rejoindra dans cette aventure. Lui aussi possède ce goût pour le romanesque et ce talent d’acteur tout en finesse, qui le rapprocherait d’un Gérard Philippe contemporain.

Jean-Paul Seaulieu, directeur photo de grand talent et réalisateur de publicités primées dans plusieurs grands festivals internationaux, notamment pour leurs qualités de mise en valeur la beauté féminine, a tout de suite accepté de s’associer à ce projet. Prenant le parti de tourner le film en une semaine, il me semblait essentiel de m’entourer d’un opérateur de son envergure, afin d’apporter une dimension visuelle et chorégraphique à ce film qui se déroule principalement en huis clos.

Film atypique, Les lettres portugaises se veut moderne dans sa conception, tout en respectant la dramaturgie et le texte original de 1668. Je tenais à en faire découvrir la beauté aux spectateurs des salles obscures, persuadé que le cinéma reste toujours un merveilleux moyen d’expression qui n’a rien perdu de son lyrisme au travers du temps. À la fois outil pédagogique, Art à part entière, et divertissement dans le sens le plus noble du terme, il demeure une expérience unique pour s’aventurer dans des voyages émotionnels hors du temps, à travers les profondeurs de l’inconscient.



Les lettres portugaises
Production : KapFilms
Distributeur : Kanibal Films Distribution
Scénario, production et réalisation : Bruno François-Boucher
D'après Mariana Alcoforado
Directeur photo : Jean-Paul Seaulieu
Interprétation : Ségolène Point (Mariana Alcoforado), Nicolas Herman (Noël de Chamilly)
Montage : Olivier Mauffroy
Costumes : Marion Fortini
HD, Dolby, couleurs, 75 minutes
Sortie salles : 2014

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