lundi 21 décembre 2020

Cinéastes, au travail !

Comme beaucoup je me pose un certain nombre de questions sur le cinéma à l'heure actuelle. Non pas que la pandémie de la Covid interfère particulièrement sur ma passion pour le 7ème art mais plutôt sur sa représentation, sa manière de le percevoir depuis qu'il a déserté les salles à cause de la crise sanitaire. Jean-Pierre Melville avait curieusement prévu la mort du cinéma en 2020 au profit de la télévision. Fallait-il y voir un parallèle avec la sombre prédiction de Louis Lumière « Le cinéma est une invention sans avenir » ? Les spectateurs auront-ils véritablement changé leurs habitudes depuis que le streaming et Netflix sont apparus dans leurs salons ? Nul ne sait mais je crois qu'il va falloir néanmoins réinventer totalement le langage du cinéma et le débarrasser des chaînes qui le relie encore trop au petit écran de par sa façon de raconter des histoires. Il me semble que la route est encore ouverte pour d'autres manières de voir et d'entendre, pour d'autres perceptions à l'intérieur du langage lui-même. L'industrie s'accommode mal de l'art on le sait mais peut-être est-ce justement là que nous autres cinéastes devons réfléchir et agir. Qu'est-ce que l'identité propre d'un film ? Qu'est-ce que sa vocation, son utilité, son pouvoir d'agir sur nous ? Les histoires doivent-elles indéfiniment être racontées selon les mêmes schémas ? Ou faut-il envisager une toute autre approche comme celle de la musique ou de la peinture ? Le spectateur d'aujourd'hui est-il prêt à regarder et écouter un film comme il perçoit les mouvements uniques de sa propre vie ? Autant de questionnements me traversent l'esprit pour repartir à la découverte du cinéma dont « la première moitié du XXème siècle n'a exploré que des miettes » disait S. M. Eisenstein en 1945. L'État et les institutions ne peuvent pas tout. Les cinéastes doivent aussi s'engager sur le terrain pour que le spectateur continue d'éprouver le désir de voir des films dans les salles. Réinventer le langage, offrir un autre monde avec les films proposés dans les salles obscures me semble être l'objectif pour tout cinéaste à l'aube de 2021. Réenvisager les conceptions du récit, traduire en terme de cinéma pur, quels qu'en soient les moyens, la part d'ombre qui le destine au grand écran m'apparaît aujourd'hui plus que jamais la véritable vocation du 7ème art. Vive le cinéma, cinéastes au travail !

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