Un soupçon d’amour est un délicieux moment de cinéma, le grand et beau film d’un jeune cinéaste de bientôt 90 printemps. Une histoire dense et émouvante, un film où chaque image, ciselée, prend son sens dans une forme qui nous est peu offerte de nos jours. Dédié à Douglas Sirk, le film exprime et développe en profondeur le monde complexe des sentiments dans une passionnante plongée au cœur de l’âme humaine, de ses beautés et de ses méandres. Toute une vie défile sous nos yeux à travers un habile enchevêtrement de situations où le passé refait surface dans un présent toujours reconsidéré. C’est de véritable compassion et de compréhension pour les êtres dont Vecchiali nous parle. Film rempli de tiroirs secrets, le drame qui s’y joue sous sa plus pure forme romanesque nous fait revenir aux grandes heures du cinéma français, grâce en premier lieu à la magie des acteurs : merveilleuses Marianne Bassler et Fabienne Babe sans oublier Jean-Philippe Puymartin. Le temps s’enfuit dans une Provence lumineuse où les jardins ressemblent à des tableaux de Jean-Charles-Joseph Rémond et les intérieurs à des clairs-obscurs, dans une valse qui tourne entre incertitudes, déchirements et éclats de bonheur. Le plus incroyable est que le film ait été tourné en 9 jours et qu’on a l’impression d’un temps de tournage étendu sur plusieurs semaines. À l’heure où l’on se demande que sont devenus les grands cinéastes français, Paul Vecchiali nous réveille de notre léthargie pour nous offrir l’une des plus belles surprises de ces dernières années. Maîtrisé d’un bout à l’autre, doté d’une magnifique photographie de Philippe Bottiglione (il est incompréhensible que le cinéma ne fasse pas plus souvent appel à lui) il serait également injuste de ne pas mentionner la belle bande originale de Roland Vincent, musicien rare qui a su apporter une deuxième écriture au film. Composée avant le tournage, la musique inspire le cinéaste dans sa mise en scène et c’est le film entier qui vient à nous, nous attrape, nous saisit comme un coup de tonnerre notamment dans sa dernière séquence, sublime, et qui remet en question tout ce à quoi nous avons assisté. S’il y a un film à voir en ce moment c’est bien Un soupçon d’amour de Paul Vecchiali.
mercredi 9 septembre 2020
Un soupçon d'amour (2020) de Paul Vecchiali
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