jeudi 27 juillet 2017

VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES (2017) de Luc Besson


La première raison d’aller voir Valérian et la cité des mille planètes est Historique. C’est la première fois depuis Georges Méliès et son Voyage dans la lune en 1902 (si l’on excepte les films d’animation La planète sauvage, Les maîtres du temps de René Laloux et le Tykho moon d’Enki Bilal en 1997) que des Français s’attaquent à de la pure science-fiction dans l’espace interplanétaire, genre uniquement pour l’heure exploré à travers la littérature et la B.D. Et l’on ne peut pas dire que le film manque de magie ! Besson réussit le pari d’égaler ses maîtres anglo-saxons en la matière de par sa maîtrise des univers visuels, des décors et des effets spéciaux. Qui plus est, il parvient pour celle et celui qui le veut bien à nous embarquer dans son voyage spatial tel des enfants devant une vitrine de jouets. J’ai marché, j’ai rêvé, pris du plaisir et éprouvé beaucoup d’émotions. Retour aux sources pour le réalisateur du Cinquième élément qui nous replonge dans ses rêves de gosse lisant les aventures de Valérian et Laureline chaque semaine dans le journal Pilote. Ce qui était impossible à l’époque et jusqu’aux récents travaux de James Cameron sur Avatar, le cinéaste l’a fait. Qu’on ne nous dise plus que nous sommes toujours à la traîne, dépassés par les Américains en leur abandonnant ce leadership. La preuve est désormais faite qu’en France, pays qui vit naître le septième art, tout est devenu possible.



De surcroît, l’élément sans doute le plus fort du film c’est son message. A l’heure où au cinéma tout n’est souvent que violence et apocalypse sans fin jusqu’à la destruction du dernier humain, Besson amorce un virage à contre-courant en nous laissant un message de paix, une vision rassembleuse et positive de l’Humanité. L’on ne peut qu’approuver si l’on croit en l’avenir, ne serait-ce que pour nos enfants, ceux-ci étant pour une fois un peu plus aimés et respectés en ne leur montrant pas un spectacle d’horreur, d’épouvante, de monstruosité sanglante et désespérante dont ils s’abreuvent déjà assez à longueur de journée. Le monde des Pearls en est à l’opposé, tel le message laissé par Lucy sur la folie guerrière des humains et qui rappelait l’avertissement lancé par les extra-terrestres dans Le jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise en 1951. Le cinéaste à qui l’on reproche souvent d’être « creux » reformule ici son vibrant plaidoyer pour un monde plus engageant, voire teinté de spiritualité, chose rare par les temps qui courent.



Si je mets de côté la séquence où apparaît Rihanna dans sa chorégraphie, fort originale, mais qui accuse une petite longueur, les 2h15 de projection passent comme une lettre à la poste. On peut être fier de notre cinéma, tous les enfants peuvent y aller, c’est magique, bourré d’humour et d’idées parmi les plus extravagantes. Suspense, action et festivités en tous genres sont au rendez-vous. Il ne faut pas s’étonner que le public américain adepte de super-héros prônant la suprématie de leur continent aient à priori quelque peu boudé le spectacle. La fraîcheur qui en ressort et son absence totale de cynisme et de misogynie est tout à son honneur. Souhaitons longue vie en Europe, en Chine et partout ailleurs à ce space opéra admirablement orchestré par Alexandre Desplat qui redonne le goût de l’enfance disparue et des temps anciens où l’on parlait davantage d’humanité que d’individualisme forcené.



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