jeudi 18 février 2016

Andrzej Zulawski ou le cinéma incandescent


Andrzej Zulawski, l’un des cinéastes les plus originaux de notre temps vient de disparaître à l’âge de 75 ans. Exalté, excessif, souvent décrié mais doué de forte créativité dans son expression visuelle et dans sa direction d’acteurs, il aura marqué d’un sceau indélébile l’histoire du cinéma européen contemporain avec des œuvres pour le moins explosives dont on ne sortait jamais indemne. Qui ne se souvient de Romy Schneider dans L’important c’est d’aimer, d’Isabelle Adjani dans Possession, de Sophie Marceau dans L’amour braque, de Valérie Kaprisky dans La femme publique, de Marie-France Pisier dans La note bleue et de tout récemment Sabine Azéma dans Cosmos, adapté de Gombrowicz. 
                                       Isabelle Adjani dans Possession (1981) 
Explorateur de l’âme féminine, il avait su donner aux actrices leurs plus beaux rôles. Il aimait les acteurs, les mettait en danger, tordant le cou aux narrations classiques, emporté par des travellings fous, des lumières brûlantes et des mises en scène incandescentes que certains jugèrent parfois outrancières et sans demi-mesure. La demi-mesure Zulawski ne la connaissait pas. Polonais dans l’âme, ses coups d’éclats cinématographiques ressemblaient davantage à l’opéra rock et au Théâtre du Grand guignol qu’aux calmes rivières des lignes éditoriales bien formatées. Ses films sont tous à redécouvrir les uns après les autres et j’en donnerais cent autres pour les quinze premières minutes de Mes nuits sont plus belles que vos jours, film baroque et lumineux sur la perte de mémoire, emporté par un Jacques Dutronc fiévreux et une Sophie Marceau d’une beauté à couper le souffle.
                               Mes nuits sont plus belles que vos jours (1989) 
Il était plus qu’un cinéaste, un artiste complet (un poète et un écrivain aussi qui a donné une dizaine d’ouvrages et plusieurs tomes de feuilletons et de mémoires) dont la singulière personnalité imprègne chaque image de ses treize longs-métrages filmés dans un sentiment d’urgence avec une sincérité absolue. Qu’Andrzej Zulawski repose en paix parmi les grands et aussi pour se souvenir que le cinéma n’est pas seulement qu’un produit de consommation. Il est un art complet, vivant, un outil indispensable de création, une forme de résistance et d’engagement à la fois politique, morale et culturelle pour toutes les générations présentes et à venir.

Andrzej Zulawski en DVD :

La troisième partie de la nuit/Le diable/Sur le globe d'argent (Malavida)
L'important c'est d'aimer (Studio Canal)
Possession (TF1 Video)
La femme publique (LCJ éditions)
L'amour braque (Studio Canal)
Boris Godounov (Gaumont)
La note bleue (Les films du collectionneur) 
Mes nuits sont plus belles que vos jours (Arthaus)
La fidélité (DVDYFilms)
Zulawski par Zulawski (Canal Plus)

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