Le journal d’une femme
de chambre,
durant ses 40 représentations à Paris au Théâtre Darius Milhaud, m’a inspiré un
film tourné à deux caméras. En guise de prologue, l’actrice Ségolène Point affûte
une dernière fois son jeu avant l’entrée en scène, puis la sonnerie de la salle
retentit, et, après un court générique, c’est parti pour 1h 10. Chaque tableau
de la pièce est entrecoupé de cartons mentionnant les différentes dates au
cours desquelles se déroule l’action, de septembre 1898 à juillet 1899. Dans
une dynamique de gros plans et de plans rapprochés suivant au plus près la comédienne,
le film se différencie d’une captation traditionnelle par la recherche d’un
espace mettant en valeur son interprétation sur le texte original d’Octave
Mirbeau.
Servie par les lumières en
clair-obscur de la scène, et par des bruitages recomposés pour le film, la réalisation
s’appuie essentiellement sur la recherche des émotions, pour inviter le
spectateur à des détails de jeu qu’il n’a pu toujours saisir dans la salle. Ce « live »
est à la fois un film expérimental et un documentaire sur une comédienne en
action pendant une durée équivalent à celle d’un long métrage. Acteur moi-même
de l’événement derrière le viseur de l’une des deux caméras, ma préparation s’est
étable sur plus de six mois depuis le départ des répétitions en février 2011,
jusqu’au moment du tournage, lors de la dernière représentation en septembre
dernier. Le montage a permis de renforcer encore l’intensité du spectacle, ce
soir-là l’un des trois ou quatre meilleure prestations de Ségolène Point durant
la saison. Cette
expérience unique, proche d’un concert filmé, m’a donné l’occasion de saisir
chaque « instrument » utilisé par l’actrice créant une sorte de suite
que l’on pourrait qualifier de quatuor à cordes.
Hommage à son travail, ce
film est aussi l’amorce de notre prochaine collaboration sur Les lettres
portugaises,
adapté de l’œuvre de Guilleragues. Cette fois à l’origine de la mise en scène,
l’expérience achèvera une sorte de triptyque sur la passion au féminin,
entrepris par l’actrice en 2010 avec Le bel indifférent de Jean Cocteau.
Ségolène Point
Célestine
Le
journal d'une femme de chambre (2011)
Production :
KapFilms – Alterego Films – En association avec Bernard Borie
Distribution :
Kanibal Films Distribution
Avec : Ségolène
Point
Réalisation
: Bruno François-Boucher
Caméra,
montage : Jonathan Gredler
Mise
en scène théâtre : Nita Alonso.
Musique
: Maurice Ravel
HD,
couleurs, 65 minutes.
L'histoire : La vie de Célestine, une femme
de chambre, telle qu'elle la raconte dans son journal, à la fin du siècle
dernier. Fille d'un marin qui avait péri en mer, Célestine connaît très tôt la
misère et la souffrance. Voyant le vice s'installer chez sa mère et chez sa
soeur, pour vivre seule, elle cherche à se placer comme servante. Elle passe
dans différentes familles, gardant la plus fâcheuse impression : les bourgeois
pleins de vices ambitieux, sont mesquins et prêts à renier leurs modestes
origines. Le jugement de Célestine est amer et sans indulgence...
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