mercredi 7 décembre 2011

Intermède filmé

Le journal d’une femme de chambre, durant ses 40 représentations à Paris au Théâtre Darius Milhaud, m’a inspiré un film tourné à deux caméras. En guise de prologue, l’actrice Ségolène Point affûte une dernière fois son jeu avant l’entrée en scène, puis la sonnerie de la salle retentit, et, après un court générique, c’est parti pour 1h 10. Chaque tableau de la pièce est entrecoupé de cartons mentionnant les différentes dates au cours desquelles se déroule l’action, de septembre 1898 à juillet 1899. Dans une dynamique de gros plans et de plans rapprochés suivant au plus près la comédienne, le film se différencie d’une captation traditionnelle par la recherche d’un espace mettant en valeur son interprétation sur le texte original d’Octave Mirbeau.

Servie par les lumières en clair-obscur de la scène, et par des bruitages recomposés pour le film, la réalisation s’appuie essentiellement sur la recherche des émotions, pour inviter le spectateur à des détails de jeu qu’il n’a pu toujours saisir dans la salle. Ce « live » est à la fois un film expérimental et un documentaire sur une comédienne en action pendant une durée équivalent à celle d’un long métrage. Acteur moi-même de l’événement derrière le viseur de l’une des deux caméras, ma préparation s’est étable sur plus de six mois depuis le départ des répétitions en février 2011, jusqu’au moment du tournage, lors de la dernière représentation en septembre dernier. Le montage a permis de renforcer encore l’intensité du spectacle, ce soir-là l’un des trois ou quatre meilleure prestations de Ségolène Point durant la saison. Cette expérience unique, proche d’un concert filmé, m’a donné l’occasion de saisir chaque « instrument » utilisé par l’actrice créant une sorte de suite que l’on pourrait qualifier de quatuor à cordes.

Hommage à son travail, ce film est aussi l’amorce de notre prochaine collaboration sur Les lettres portugaises, adapté de l’œuvre de Guilleragues. Cette fois à l’origine de la mise en scène, l’expérience achèvera une sorte de triptyque sur la passion au féminin, entrepris par l’actrice en 2010 avec Le bel indifférent de Jean Cocteau.

Ségolène Point
Célestine

Le journal d'une femme de chambre (2011)
Production : KapFilms – Alterego Films – En  association avec Bernard Borie
Distribution : Kanibal Films Distribution
Avec : Ségolène Point
Réalisation :  Bruno François-Boucher
Caméra, montage : Jonathan Gredler
Mise en scène théâtre : Nita Alonso.
Musique : Maurice Ravel
HD, couleurs, 65 minutes.

L'histoire : La vie de Célestine, une femme de chambre, telle qu'elle la raconte dans son journal, à la fin du siècle dernier. Fille d'un marin qui avait péri en mer, Célestine connaît très tôt la misère et la souffrance. Voyant le vice s'installer chez sa mère et chez sa soeur, pour vivre seule, elle cherche à se placer comme servante. Elle passe dans différentes familles, gardant la plus fâcheuse impression : les bourgeois pleins de vices ambitieux, sont mesquins et prêts à renier leurs modestes origines. Le jugement de Célestine est amer et sans indulgence...